« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Les dessous féminins

La lingerie

La Marchande de modes (Diderot, planche de l'Encyclopedie)   Au 18e siècle, les petits pièces de lingerie féminines se multiplient et se diversifient, notamment la bonneterie : fichus, mouchoirs de cou et bonnets de toile pour les femmes les plus simples. La petite bourgeoisie en commande volontiers par dix, par vingt, voire davantage dans le trousseau.

   À des tarifs plus raisonnables que ceux de Rose Bertin, on trouve des bonnets à la Chartres, à la Carmélite, à la Sultane, sans oublier les poufs, dont le célèbre pouf aux sentiments. Les plumassières font fortune.

   On est pour ou contre le caleçon de dames. Certains le nomment « inexpressible »… La plupart du temps, nous l'avons vu, les dessous sont absents.

   Le linge est lavé à la cendre de bois. À Paris, l'eau (polluée) est désodorisée avec du vinaigre blanc.

   On prépare les trousseaux des jeunes filles : pièces de mousseline, de batiste, de lin et de demi-hollande (plus épais), des dentelles et des rubans ; négligés de cotonnade blanche, au moins une douzaine de chemises en linon fin ornées de volants, chemises de la plus fine batiste de Cambrai, richement ornées de précieuses dentelles de Chantilly et de ruban de satin (la dentelle peut être aussi de Malines ou de Valenciennes), longues chemises en fine soie plissée pour dormir, veste longue en satin blanc passée sur une chemise brodée pour s'asseoir à la table à coiffer… Pour information, le trousseau de Marie-Antoinette est d'une valeur de 17 000 livres.

   Attardons nous un instant sur la grâce désuète du trousseau de Laure Pernon, future madame Junot et duchesse d'Abrantès, présenté dans une immense malle de gros de Naples roses d’où jaillissent en mille petits paquets noués d’une faveur rose ou bleue les chemises aux manches gaufrées, les canezous du matin, les peignoirs de mousseline des Indes, les bonnets de toutes formes et de toutes couleurs. Arrêtons-nous sur la corbeille de noces offerte par Junot à sa belle, un « vase immensément grand recouvert de velours blanc et vert » dont le couvercle supporte couronnes dorées et emblèmes symboliques, le tout rempli de châles, dont un merveilleux châle de cachemire ponceau, de voiles de point d’Angleterre, de robes brodées en lamés d’or et d’argent, de rubans, de sacs, d’éventails, sans oublier la bourse des épousailles ni les bijoux.

Sources : La Culture des apparences, Daniel Roche.

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Date de dernière mise à jour : 10/10/2018