« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Le Clavijo de Goethe

   À Frankfort, après son séjour à Strasbourg, Goethe essaie de tirer une pièce de théâtre, Clavigo, des Mémoires (IVe Mémoire contre Goëzman) de Beaumarchais sur ses aventures en Espagne (Madrid, 1764-1765), dont il vient de faire la lecture à son cercle d’amis. Dans ses souvenirs sur ses démêlés avec la justice, Beaumarchais, qui n’est pas encore l’auteur de Figaro et du Barbier, a mêlé délibérément à des aventures assez troubles une histoire de famille personnelle : la vengeance qu’il a tirée d’un journaliste espagnol, Clavijo, ce dernier ayant violé la promesse de mariage faite à sa sœur Lisette. En fait, des projets financiers semblent avoir compté pour lui, dans ce voyage, au moins autant que l’honneur de Lisette.   

   On écrivait et imprimait des semblables histoires pour un vaste public. L’histoire de Goethe était décrite avec beaucoup de verve : l’infidèle est sommé de s’expliquer et Beaumarchais parvient à le faire destituer de son emploi. Il suffisait à Goethe de mettre ce récit en dialogues. Il y ajouta une fin tragique, dans laquelle l’infidèle Clavigo suit le convoi funèbre de l’amante abandonnée.

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