« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Mme de Pompadour en fin de vie

Mme de Pompadour vieillissante (Drouais)   Voici un portrait au vitriol de Mme de Pompadour à l'âge de 36 ans, vue par un contemporain :

   « Quelle décrépitude ! Quelle dégénération dans les formes ! Quelle saleté dans le visage ! Elle se plaît à s'ensevelir habituellement sous une couche de blanc et de rouge ; sa vivacité n'est plus qu'une grimace, une espèce de rire sardonique, et sa langueur primitive un abattement. Elle s'imagine, comme des dames de la cour, qu'avec une couche étincelante de rouge elle dénaturera les formes sillonnées de son visage ; elle a encore de grands et beaux yeux, mais quel regard part de ces deux voûtes ! Comme elle réunit tout ce qui est nécessaire pour paraître une méchante femme ! Son extrême maigreur, son teint plombé gras, luisant et livide, furent des avis qu'elle reçut de la nature que la machine se décomposait. Elle fut dès lors bien plus méchante, plus inquiète dans la société, et plus difficile dans le service et les hommages qu'elle recevait. Elle ne vint plus du tout à Paris. A la cour, elle n'osa plus se montrer avec autant d'audace ; elle se couvrit la figure de blanc, de rouge, de noir : l'étude de sa mine, de sa toilette, de son habillement, devint chaque jour et plus longue et plus difficile, et plus compliquée. Elle vit venir de loin la maladie, et elle ne trouva rien, ni dans sa raison, ni dans son esprit, qui la portât à la résignation. » (Soulavie, Mémoires historiques et anecdotes de la cour de France pendant la faveur de la marquise de Pompadour, Paris, Arthus Bertrand)

À sa mort

   Dufort de Cheverny témoigne dans ses Mémoires :

   « Le roi, par les ordres de qui tout se faisait, savait l’heure ; il était six heures du soir, en hiver, et par un temps d’ouragan épouvantable. La marquise avait par son testament décidé d’être enterrée aux Capucines, place Vendôme, où elle avait arrangé un superbe appartement. Le roi prend Champlost par le bras ; arrivé à la porte de glace du cabinet intime donnant sur le balcon qui fait face à l’avenue sur la cour, il lui fait fermer la porte d’entrée et  se met avec lui en dehors, sur le balcon. Il garde un silence religieux, voit le convoi enfiler la rue, le suit des yeux jusqu’à ce qu’il perde de vue tout l’enterrement, malgré le mauvais temps et l’injure de l’air auxquels il avait paru insensible. Il rentre dans l’appartement ; deux grosses larmes coulaient encore le long de ses joues, et il ne dit à Champlost que ce peu de paroles : « Voilà les seuls devoirs que j’aie pu lui rendre ! » paroles les plus éloquentes qu’il pouvait prononcer dans cet instant. » ((Jean Nicolas Dufort de Cheverny, Mémoires, Perrin, 1990).

   Maurice Lever, dans son ouvrage Louis XV, libertin malgré lui (Payot, 2001) précise que la reine Marie L. écrit au président Hénault (1), alors que Mme de Pompadour vient à peine d'être enterrée : « Au reste, il n’est non plus question ici de ce qui n’est plus que si elle n’avait jamais existé. Voilà le monde ; c’est bien la peine de l’aimer ! ».

   Quant à Voltaire, il écrivit : "Elle avait de la justesse dans l'esprit et de la justice dans le coeur. Elle nous manquera beaucoup. C'est la fin d'un rêve." 

 

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Notes

(1) Hénault est l'amant de Mme du Deffand.

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Date de dernière mise à jour : 05/03/2024