« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Intérêt pour la géométrie

Intérêt des intellectuelles pour la géométrie à la fin du XVIIe siècle

   À la fin du 17e siècle, la géométrie est à la mode dans le public cultivé. Un mathématicien, Joseph Sauveur, donne des cours à Paris : gentilshommes et belles dames s’y pressent ; avant d’accorder leurs faveurs, elles exigent que l’on trouve la quadrature du cercle (!). C’est du moins ce que dit le Journal des Savants qui se moque de la manie du jour dans son numéro du 4 mars 1686 :

   « Depuis que les mathématiciens ont trouvé le secret de s’introduire jusque dans les ruelles, et de faire passer dans le cabinet des dames les termes d’une science aussi solide et aussi sérieuse que la mathématique, par le moyen du Mercure galant, on dit que l’empire de la galanterie va en déroute, qu’on n’y parle plus que de problèmes, corollaires, théorèmes, angle droit, angle obtus, rhomboïdes, etc. ; et qu’ils s’est trouvé depuis peu deux demoiselles dans Paris à qui ces sortes de connaissances ont tellement brouillé la cervelle, que l’une n’a point voulu entendre une proposition de mariage, à moins que la personne qui la recherchait n’apprît l’art de faire des lunettes, dont le Mercure galant a si souvent parlé ; et que l’autre a rejeté un parfaitement honnête homme, parce que, dans le temps qu’elle lui avait assigné, il n’avait pu rien produire de nouveau sur la quadrature du cercle. »

   On est reconnaissant aux géomètres d’avoir donné prise sur la matière et de remplacer le verbalisme par la sécurité des calculs qui, croit-on, sont la clef de tous les phénomènes de l’univers.    

Sources : Paul Hazard, La Crise de la conscience européenne, 1680-1715, Fayard, 1961.

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Date de dernière mise à jour : 09/10/2017