« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Scédase (Hardy)

Scédase ou l'Hospitalité violée (Alexandre Hardy, 1626) : audace baroque et immoralité

   Hardy, considéré comme le premier auteur dramatique professionnel français (il écrit plus de six cents tragédies, tragi-comédie ou pastorales), se distingue dans Scédase par la cruauté, le caractère sexuel et spectaculaire de l’action (le viol d’une de ses filles a lieu sur scène).

   Le sujet est tiré de Plutarque : les filles du paysan Scédase sont violées et tuées par deux jeunes et nobles Spartiates auxquels elles avaient offert l’hospitalité en l’absence de leur père. Celui-ci, découvrant à son retour les cadavres de ses filles, se suicide sur leur tombe après avoir en vain réclamé justice à Sparte.

   Grande nouveauté : une action unique et la progression dramatique où les jeunes gens amoureux en viennent par degrés à envisager le viol et à préméditer les meurtres.

   Autre nouveauté : le choix d’une famille de paysans dans une tragédie dont la fatalité réside aussi bien dans la violence du désir que dans l’injustice de l’ordre social. La pièce s’ouvre sur la dénonciation de l’immoralité qui règne à Sparte et se clôt sur les imprécations de Scédase à l’égard des juges indulgents pour les puissants.

   Corneille citera Scédase pour prouver que les malheurs des rois ne sont pas les seuls dignes d’être représentés sur scène. Voltaire démontrera plus tard le contraire mais utilisera toujours Scédase.

   Le succès de l’œuvre de Hardy, considérable dans le premier tiers du 17e siècle, ne survit pas à son auteur : langage ronsardisant, jeux verbaux, opposition à Malherbe, infractions aux règles des trois unités et à celle de la bienséance indisposent le public et les critiques.

   Un théâtre de liberté, pourtant ?...

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