« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Racine et son temps

   1/ Les pièces de Racine offrent un aspect contemporain : mœurs mondaines et galanterie qui avait son jargon et ses lieux communs.  Sans oublier la majesté et l’harmonieuse grandeur de Versailles qui se retrouvent dans l’allure générale des tragédies de Racine, dans leur style et leur versification.

   2/ Par ailleurs, les allusions ne manquent pas à certains événements et personnages, courants religieux et politiques :  

* Andromaque possède quelques traits d’Henriette de France, veuve du roi Charles Ier d’Angleterre, fidèle à son souvenir et gardienne de jeunes enfants dont la politique pouvait toujours faire des victimes tragique.

* Bérénice a été commandée en même temps à Corneille et à Racine par Henriette d’Angleterre qui, d’après Voltaire, semblait vouloir fixer deux souvenirs : la rupture de Louis XIV avec Marie Mancini et « le frein qu’elle-même avait mis à son propre penchant pour le roi. »

* Dans Britannicus, la vie de cour, Louis XIV et ses maîtresses, ses caprices et leurs ambitions, ont pu avoir leur part. Comme dans Iphigénie : tant de jeunes filles du 17e siècle se virent sacrifiées en mariage à la « gloire » de leur famille.

* Phèdre se ressent des crises de l‘âme qu’un renouveau chrétien (dont Port-Royal n’est qu’une manifestation parmi d’autres) avait provoquées chez d’illustres pécheresses comme Mlle de la Vallière, la princesse palatine Anne de Gonzague, Mme de la Sablière, et bien d’autres.

* Faut-il aller jusqu’à dire qu’Esther, où l’on voit la pieuse juive succéder à l’orgueilleuse Vasthi, faisait écho à la chute de Mme de Montespan et à l’élévation de Mme de Maintenon ?

* Jusque dans Athalie, on sent, en même temps que la piété de Saint-Cyr, les sentiments violents qui aboutirent à la Révocation de l’Édit de Nantes. Racine lui-même faite entendre que Joas, espoir de la foi, n’était autre que le jeune duc de Bourgogne.   

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