« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Antoinette Bourignon

Antoinette Bourignon, illuminée mystique

Antoinette Bourignon   Au beau milieu du siècle de la raison cartésienne, certains (surtout certaines...) rejettent raisonnement, logique et bon sens et jouent le mysticisme contre la raison. Comme quoi, toute généralisation est abusive et il y a toujours des exceptions à la règle.  

   Les Illuminé(e)s se vantent en effet de posséder un feu mystique, une science immédiate et infuse, s’opposant ainsi à la raison des philosophes et des scientifiques.

   Antoinette Bourignon, illuminée mystique, est un étrange personnage à la vie aventureuse qui sombre dans un délire affectif, communiquant directement avec Dieu et méprisant le savoir. Elle déclare que, même si l’Évangile périt, la créature trouvera en elle-même une loi suffisante pour la mener vers la vérité et le bonheur (La Lumière née en ténèbres, 1669).

   Elle affronte un jour des Hollandais disciples de Descartes. Pierre Bayle, dans son Dictionnaire, écrit : « Elle eut des conférences avec des cartésiens et se forma une idée bien terrible de leurs principes. [...] Ils ne furent guère contents d’elle, ni elle d’eux. La méthode des cartésiens n’étant point son fait, elle ne voulait pas qu’on consultât les lumières de la raison, et leur principe est qu’il faut examiner toute chose à cette pierre de touche. Elle assurait « que Dieu lui avait fait voir, et même déclaré expressément que cette erreur du cartésianisme était la pire, et la plus maudite de toutes les hérésies qui aient jamais été dans le monde, et un athéisme formel, ou une réjection de Dieu, dans la place duquel la raison corrompue se substitue. » A cela se rapporte ce qu’elle disait aux philosophes, « que leur maladie venait de ce qu’ils voulaient tout comprendre par l’activité de la raison humaine, sans donner place à l’illumination de la foi divine, qui exigeait une cessation de notre raison, de notre esprit, et de notre faible entendement, afin que Dieu y répandît ou y fît revivre cette divine lumière. Sans quoi non seulement Dieu n’est pas bien connu, mais même lui et sa connaissance véritable sont chassés hors de l’âme par cette activité de notre raison et de notre esprit corrompu. Ce qui est une espèce d’athéisme et de réjection de Dieu... »

   On trouve ici une parenté avec Mme Guyon et le quiétisme (doctrine mystique professée par un théologien espagnol, Molinos).

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Date de dernière mise à jour : 14/10/2017