« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

A propos des archives en histoire

   Le hasard de la conservation des documents à travers les siècles de l’histoire, les guerres, les incendies, les négligences, les destructions volontaires, est insondable.

   Colbert a confié à la fin du 17e siècle à des équipes de copistes le soin de recopier toutes les archives des provinces – ce sont notamment les documents qui serviront de base aux grandes histoires régionales des bénédictins de Saint-Maur. En Languedoc par exemple, sous la direction du juriste Doat, ils ont recopié entre autres les archives de l’Inquisition, particulièrement un certain nombre de registres qu’on a aujourd’hui perdus. La perte de ces documents est donc postérieure au début du 18e siècle.   

   Déconstruire certains phénomènes historiques correspond à une grande tendance postmoderne de la planète intellectuelle contemporaine, d’Ecosse en Nouvelle-Zélande, de Harvard à Tokyo – même si Paris y a joué, autour de Jacques Derrida, un rôle moteur – et pas seulement en histoire. Les littéraires, eux aussi, y jouent ou s’en plaignent. Déconstruire l’histoire officielle, les certitudes accumulées comme jurisprudence, c’est sain et revigorant. Mais ça peut aussi aboutir à gommer les aspérités qui font désordre, à perdre du sens et amener des consensus mous.   

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