« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Corneille : anciens sujets de baccalauréat

Corneille : anciens sujets du Baccalauréat de 1910 à 1935

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Clouard

   Les sujets concernent aussi le Brevet supérieur. Ils figurent dans l’ouvrage d’Henri Clouard, La Composition française préparée (Didier, 1935). Certaines formulations[1] prêtent à sourire et on se demande ce qu’en penseraient les élèves actuels... Certains sujets sont pratiquement infaisables. D’autres demandent des travaux d’experts, acceptables à l’Université. L’auteur propose une aide pour certains d’entre eux. L’ensemble, étonnant pour le lecteur d’aujourd’hui – tant pour le fond que pour la forme –, reste un spécimen intéressant de la manière profonde et détaillée dont on étudiait les grands auteurs au début du 20e siècle... 

Sur Corneille en général

- Partager en périodes la carrière dramatique de Corneille. Son génie a-t-il connu le déclin ? Quelles en seraient les causes ?

- Développer ce jugement de La Bruyère : « Corneille est admirable par l’extrême variété et par le peu de rapport qui se trouve pour le dessein entre un si grand nombre de poèmes qu’il a composés. »

Aide – Poèmes, c’est-à-dire poèmes dramatiques.

- Dans quel sens est-il exact de dire que Corneille est le père de la tragédie ?    

- Discuter ce jugement : « Ce qui a si hautement élevé les pièces de M. Corneille par-dessus les oeuvres de notre temps n’a pas été l’intrigue, mais le discours. Leur beauté ne dépend pas de l’action, dont elles sont bien moins chargées que celles des autres poètes, mais de la manière d’exprimer les différentes passions qu’il y introduit. »

Aide – Il faut entendre par discours l’expression des sentiments et de la pensée. On propose le plan suivant : 1- Corneille analyste et peintre des passions. 2 – Corneille écrivain et poète. 3- Réserve à faire sur la citation, qui appelle une contrepartie car l’action aussi est belle dans Corneille.

- Les trois unités dans la grande tragédie de Corneille.

- Corneille avait-il raison de dire : « Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée » ?

Aide – Remarque faite à propos du Cid, mais à considérer ici à propos du théâtre entier de Corneille. C’est la question de l’imitation et de l’originalité dans Corneille.

Sur le héros cornélien

- Montrer par des exemples empruntés au théâtre de Corneille le sens et la force de ces expressions : le tragique cornélien, un héros cornélien, un style cornélien.    

- Vous définirez le Cornélianisme [!] et vous illustrerez la définition par quelques exemples : Rodrigue, Curiace et Horace, Auguste, Polyeucte, Nicomède.

- On a dit : « le grand Corneille ». Justifiez ce privilège unique par le caractère de son génie.

- Donnez quelques exemples du sublime dans Corneille et expliquez pourquoi ils excitent notre admiration.

- Boileau a écrit (Lettre à Charles Perrault) : « Corneille a la gloire d’avoir inventé un genre de tragédie inconnu d’Aristote, où, sans s’attacher uniquement, comme les poètes de l’ancienne tragédie, à émouvoir la pitié et la terreur, il ne pense qu’à exciter dans l’âme des spectateurs, par la sublimité des pensées et par la beauté des sentiments, une certaine admiration, dont beaucoup de personnes s’accommodent souvent beaucoup mieux que des véritables passions tragiques. » Expliquez ce jugement et commentez-le au moyen d’exemples précis tirés du théâtre de Corneille.

- Qu’est-ce qu’un héros cornélien ?

- Expliquez, en vous appuyant sur des exemples empruntés aux chefs-d’œuvre de Corneille, ce qu’il faut entendre par un héros cornélien, une héroïne cornélienne. Ayez soin de montrer aussi pourquoi d’autres personnages de ces mêmes tragédies ne méritent point ces épithètes.

- Vous expliquerez et vous justifierez au moyen d’exemples précis cette remarque de Brunetière sur le théâtre de Corneille : « Ce n’est proprement ni le devoir ni la passion qu’il s’est plu à nous représenter ; c’est la volonté, quel qu’en fût d’ailleurs l’objet. »

- Descartes a écrit dans son Traité des passions : « La volonté est tellement libre qu’elle ne peut jamais être contrainte ; il faut que la volonté se porte principalement à considérer et à suivre les raisons qui sont contraires à celles que la passion représente. » Montrer par quelques exemples que Corneille a exprimé, en poète dramatique, la même idée que Descartes exprime ici en philosophe, et que son théâtre est bien l’exaltation de la volonté humaine.

Aide – Sujet semblable au précédent. Mais remarquer que Descartes considère une volonté orientée vers le bien. Le vrai sujet est ici : la volonté éclairée par la raison.       

- Qu’entend-on quand on dit que les personnages de Corneille raisonnent trop ?

- Que voyez-vous de « normand » [!] dans le génie de Corneille ?

- Parmi les personnages de Corneille, quel est celui qui vous paraît être le plus complètement ce qu’on appelle un « héros cornélien » ? Étudiez à ce point de vue le personnage que vous aurez choisi.

Aide – Choisissez à votre gré soit Rodrigue, soit Curiace, soit Auguste, soit Polyeucte.

- Des héros de Corneille, quel est celui que vous préférez ? Donnez les raisons de votre préférence.

- « Des héros tout d’une pièce, immobiles et raides, artificiellement mis aux prises avec des événements extraordinaires et y déployant des vertus presque surnaturels, tel est, a-t-on dit, le théâtre de Corneille ; c’est beau, c’est admirable, c’est sublime, ce n’est ni humain ni réel : après Corneille, il restait à la tragédie à se rapprocher de la vie. » Discuter cette opinion en vous appuyant surtout sur la tragédie de Polyeucte.  

Sur la grandeur

- Expliquer comment le théâtre de Corneille peut être considéré comme une véritable école de morale propre à former l’âme des jeunes gens.

- Commenter cette affirmation : « Si la France était forcée, dans quelque naufrage, de sacrifier tous ses poètes, hormis un seul, celui qu’elle devrait sauver, c’est Corneille. Tant que cette grande âme vivra au milieu de nous, tant que sa parole sera écoutée, il ne faudra pas désespérer de l’honneur de la patrie. »

- Montrer la vérité de cette affirmation : « La popularité de Corneille honore notre pays. »

Aide – Les Français admirent et aiment le poète qui leur donne des leçons d’honneur et des exemples de sublimité.

- Quels préceptes pour la conduite de la vie un homme de notre époque peut-il tirer du théâtre de Corneille ?

- « Une distinction est à faire entre ce qu’on propose à imiter et ce qu’on propose à admirer. Les exemples à imiter doivent toujours avoir quelque chose de médiocre et de bourgeois, car la pratique est roturière. Mais pour obtenir des hommes le simple devoir, il faut leur montrer l’exemple de ceux qui le dépassèrent. La morale ne se maintient que pas les héros. » (Renan) Ces quelques lignes ne fournissent-elles pas un point de vue intéressant pour la lecture de Corneille ?

Aide – La pensée de Renan revient à ceci : la morale de l’exemple est supérieure à celle des leçons, de même que le héros est plus grand que l’homme de vertu quotidienne.

- Commenter ce jugement de Brunetière sur Corneille : « Nous n’avons point affaire de lui pour nous apprendre à vivre, mais pour nous habituer au contraire à placer bien des chose au-dessus de la vie, et pour nous mettre, en quelque manière, dans cet état d’exaltation morale qui devient, avec l’occasion, le principe des grandes actions. »   

Aide – Brunetière veut dire que le théâtre n’enseigne pas une morale pratique, comme les Fables de La Fontaine par exemple, mais qu’il nous exhorte à nous dépasser.

- Expliquez ce mot de Voltaire : « Corneille, ancien Romain parmi les français, a établi, créé une école de grandeur d’âme. »  

- Expliquer ce jugement de Marmontel sur Corneille : « Personne n’a fait autant que Corneille pour agrandir en nous l’idée du beau moral et pour nous en faire éprouver le sentiment dans toute sa hauteur. »

- Comment peut-on justifier cette affirmation de Brunetière : « Corneille est, avec Pascal et Bossuet, du petit nombre de ceux de nos grands écrivains qui nous défendent, contre les étrangers, du reproche que l’on nous a si souvent adressé de légèreté, d’insouciance des grandes questions et d’immoralité. »

- Nicole, dans son Traité de la Comédie (1659), avait accusé le théâtre en général, surtout la tragédie, d’amollir et de corrompre les âmes. Supposez que Corneille lui écrit pour protester contre ce reproche d’immoralité. Lui, du moins, dans le Cid, dans Horace, dans Cinna, das Polyeucte, il s’est efforcé d’exalter chez les spectateurs le sentiment du devoir, de les rendre plus capables de l’accomplir malgré tous les obstacles. Il ose croire qu’il a réussi.

Aide – Texte de Nicole : « Le théâtre nous apprend le langage des passions, et les poètes dramatiques ont pour but de farder les vices afin de les rendre aimables. » Nicole visait surtout Quinault, dont les tragédies (Mort de Cyrus, Astrate) avaient pour ressort essentiel l’amour le plus galant. Corneille opposera à Nicole son effort d’exhortation.

- Chercher les raisons qui ont fait dire à Napoléon 1er : « Si Corneille vivait encore, j’en aurais fait mon premier ministre. »

Aide – Voici le texte exact de Napoléon : « La tragédie échauffe l’âme, élève le cœur, peut et doit créer des héros. Sous ce rapport, la France doit à Corneille une partie de ses belles actions ; aussi, s’il eût vécu de mon temps, je l’aurais fait prince. » (Mémorial de Sainte-Hélène) Le sujet véritable est donc : Corneille créateur de héros. Mais on peut y joindre un autre sujet : Corneille apologiste de la raison d’État

- On a prétendu que Corneille, dans son Cinna notamment, se faisait volontiers l’apologiste de la raison d’État. Et Napoléon 1er, à Sainte-Hélène, a déclaré que si Corneille avait vécu de son temps, il l’aurait fait prince ou ministre. Marquez, par des exemples, quelle place les choses de la politique tiennent dans le théâtre de Corneille ; l’intérêt de ses tragédies s’en est-il trouvé accru ou diminué au 17e siècle ? En est-il amoindri ou augmenté de nos jours ?

- Examiner ce jugement de Sainte-Beuve : « Aimer et préférer ouvertement Corneille, n’est-ce pas risquer, avec la grandeur et le sublime, d’aimer un peu la fausse gloire ? Celui qui aime passionnément Corneille peut n’être pas ennemi d’un jeu de jactance. »      

Aide – On pourra introduire le sujet en disant qu’il est sage de ne jamais admirer un auteur aveuglément, à plus forte raison de ne pas l’aimer aveuglément. Plan : 1. Types de grandeur d’âme, modèles sublimes. 2. Fausse gloire : Émilie, Horace, Cléopâtre. 3. Étalage d’héroïsme, emphase et orgueil. Conclure en réduisant au minimum la critique de Sainte-Beuve et en insistant sur la grandeur et la sublimité cornéliennes.

Sur l’histoire et Rome

- Le grand Corneille a-t-il montré dans son théâtre une véritable connaissance de l’histoire et du caractère des Romains ? Citez des exemples pris dans une de ses tragédies.

- De l’emploi et du rôle de l’histoire dans la tragédie de Corneille.       

- Que pensez-vous du type de Romain tel que l’a peint Corneille ?

- Montrer quel goût Corneille a eu pour l’histoire et la politique romaine, et comment il a représenté les grandes époques de l’histoire du peuple romain.          

- Commenter ce mot de La Bruyère : « Il peint les Romains ; ils sont plus grands et plus romains dans ses vers que dans leur histoire. »

Aide – Trois parties : 1. Peinture des Romains. 2. Peinture peu exacte. 3. Avant tout, des héros cornéliens.

- Quelle sont les idées romaines que Corneille a mises en action dans ses principales tragédies ? 

Sur les mœurs et caractères

- Au moment où il tue sa sœur Camille, le jeune Horace s’écrie : « C’est trop, ma patience à la raison fait place. / Va dedans les enfers plaindre ton Curiace. » Comment expliquez-vous ces mots « ... à la raison » ? Il semble au premier abord que le jeune Horace obéisse à un mouvement de colère.

Aide – Le sujet exact est la Raison d’État. L’encadrer entre une analyse rapide de la pièce et un résumé de la morale de Corneille. Une réserve à faire.

- Dans quelle mesure l’œuvre dramatique de Corneille reflète-t-elle les mœurs de la société de son temps ?

Sur Le Cid

- Expliquer et justifier ce mot de Lemaître : « Le Cid est un accident dans la carrière de Corneille. »     

- Corneille écrit à son ami M. de Châlon qui l’avait invité à chercher dans les auteurs espagnols un sujet de tragédie.

Aide – Châlon était l’ancien secrétaire des commandements de la reine-mère, retiré à Rouen. Corneille vient de trouver le sujet du Cid et se dispose à le traiter en tragédie ; il dit ce qu’il compte faire de la pièce espagnole.

- Commenter ce jugement de Sainte-Beuve : « Le Cid est le commencement d’un homme, le recommencement d’une poésie, l’œuvre d’un grand siècle. »  

- Donner une idée de la Querelle du Cid.   

- Un Espagnol qui a assisté à la première représentation du Cid donne ses impressions à l’in de ses amis de Madrid. Il a retrouvé dans la pièce de Corneille une des plus héroïques légendes de son pays, mais combien l’auteur français l’a transformée ! 

- Lettre d’un bourgeois de Paris qui vient d’assister à la première représentation du Cid de Corneille.

- Vous montrerez que vous avez compris la beauté dramatique et morale du Cid de Corneille, en signalant l’importance de cette tragédie dans l’histoire du théâtre français.

- Apprécier cette pensée de Sainte-Beuve : « Un jeune homme qui n’admirerait pas le Cid serait bien malheureux ; il manquerait à la passion et à la vocation de son âge. »

Sur le patriotisme

- Un ami console Corneille à l’occasion de la mort de son fils (officier de cavalerie tué au siège de Graves en 1674). Il exhorte l’auteur d’Horace à supporter stoïquement cette grande épreuve. 

Aide – Corneille avait eu sept enfants. Il perdit deux fis dans sa vieillesse, celui-là est le premier. Le siège de Graves est un épisode de la victorieuse guerre de Hollande, terminée par la paix de Nimègue. Sujet patriotique auquel convient parfaitement la leçon morale d’Horace.  

- Richelieu écrit à Corneille pour le remercier de lui avoir dédié la tragédie d’Horace.

- Analyser les différentes expressions du patriotisme dans le vieil Horace, Horace et Curiace.

- D’après les pièces de Corneille que vous connaissez, montrer comment notre grand poète dramatique a conçu et représenté l’amour paternel.

Sur Cinna

- Lettre de Voltaire à un de ses amis : il donnera les raisons de son admiration pour Cinna.

Aide – Texte de Voltaire : « ... J’oserai dire ici à Corneille : je souscris à l’avis de ceux qui mettent cette pièce au-dessus de tous vos autres ouvrages ; je suis frappé de la noblesse, des sentiments vrais, de la force, de l’éloquence, des grands traits de cette tragédie. Le récit que fait Cinna au premier acte, la délibération d’Auguste, plusieurs traits d’Émilie, et enfin la dernière scène sont des beautés de tous les temps et des beautés supérieures. » - Autre texte : « Ce n’est pas ici une pièce telle que les Horaces. On voit bien le même pinceau, mais l’ordonnance du tableau est très supérieure. Il n’y a point de double action ; ce ne sont point des intérêts indépendants les uns des autres, des actes ajoutés à des actes : c’est toujours la même intrigue... ». 

- Lettre de Balzac [Guez de] à Corneille à propos de Cinna.  

Aide – Cette lettre existe, datée du 17 janvier 1643. Corneille avait envoyé à Balzac sa tragédie toute fraîche imprimée ; et Balzac le remercie. Voici les divers points de la lettre : 1. Cinna ressuscite Rome. 2. Une Rome grandie encore par le génie de Corneille. 3. Vigueur et fermeté d’Émilie, personnage inventé par Corneille. 4. Grandeur de l’art cornélien.

- Le caractère d’Auguste dans Cinna.

- Comparer le rôle d’Émilie dans Cinna et celui de Chimène dans le Cid.

- Discuter et apprécier ce vers de Boileau : « Au Cid persécuté Cinna doit sa naissance.

Aide – Trois parties : 1. Querelle du Cid. 2. Effets de la querelle sur la carrière de Corneille. 3. Éloge de Cinna. 

- Quel est le principal personnage de Cinna ? Est-ce Cinna lui-même, Auguste ou Émilie ? Des trois, lequel exprime les sentiments les plus dramatiques ?

Sur Polyeucte

- Rotrou https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Rotrou  écrit à Corneille pour l’engager à faire jouer sa tragédie de Polyeucte malgré le jugement peu favorable qu’en avait porté l’Hôtel de Rambouillet.

Aide – Deux points : 1. Le jugement de l’Hôtel de Rambouillet. 2. L’éloge général de Polyeucte.

- L’Émilie de Cinna et la Pauline de Polyeucte.

- Du caractère de Félix dans Polyeucte.

- Quel est, à vitre avis, le personnage le plus intéressant de la tragédie de Polyeucte ? Donnez vos raisons.

Aide – Choisissez à votre gré Polyeucte, Pauline ou Sévère. On parle de personnage intéressant, non pas du personnage le plus cornélien ni du plus sympathique.

- Comparez les rôles de Chimène, d’Émilie et de Pauline.  

- La Bruyère dit : « Quelle plus grande tendresse que celle qui est répandue dans le Cid, dans Polyeucte et dans les Horaces ! » Appréciez ce jugement.

- Apprécier ce jugement de Voltaire :

« De Polyeucte la belle âme

Aurait faiblement attendri,

Et les vers chrétiens qu’il déclame

Seraient tombés dans le décri,

*

N’eût été l’amour de sa femme

Pour ce païen, son favori,

Qui méritait bien mieux sa flamme

Que son bon dévot de mari. »  

- Polyeucte a-t-il toujours été regardé comme le personnage principal de la tragédie qui porte son nom ?

- Analysant la tragédie de Polyeucte, Sainte-Beuve appelle Sévère « l’idéal humain » de la pièce par opposition à Polyeucte, « l’idéal chrétien ». Étudiez l‘effet de contraste dans son intérêt psychologique et dramatique.

- Montrer comment Corneille, dans Polyeucte, fait triompher le devoir sur la passion.

- Quelles sont les parties lyriques de Polyeucte ?  Ne sont-elles pas un hors-d’œuvre ? Ou bien sont-elles liées à l’action ? Appréciez-en la forme aussi bien que le fond.

Aide – Il importe évidemment de connaître les stances de Polyeucte.   

- Voltaire a dit du Menteur : « Ce n’est qu’un traduction, mais c’est proprement à cette traduction que nous devons Molière. »

Aide – Sens exact de la phrase et position du sujet. 2. Discussion du jugement de Voltaire, en s’inspirant de ce qui a été dit pour le Cid, car le Menteur n’est pas plus une traduction que le Cid. 3. Le Menteur et le théâtre de Molière. 

- Lettre de Boileau à Louis XIV pour lui exposer la situation de Corneille mourant et offrir le sacrifice de sa propre pension.

Aide – Nous sommes en 1683. Corneille est vieux, malade et sans ressources. Il a depuis vingt ans une pension royale payée assez irrégulièrement. Une légende veut même qu’il ait été rayé un jour de la liste des pensions. D’où le sujet ci-dessus. Boileau a alors 47 ans, il est historiographe du roi Louis XIV dans toute sa gloire, et a déjà publié l’essentiel de son œuvre. Il s’agit d’un éloge très général du grand Corneille. 

- Recevant Thomas Corneille à l’Académie française, Racine fit l’éloge du grand Corneille. On lit dans son discours ces mots que vous justifierez : « Votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, enfin inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des Anciens, fit voir sur la scène de la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, et tous les ornements dont notre langue est capable. »

Aide – Thomas Corneille, beaucoup plus jeune que Pierre, composa des tragédies qui eurent du succès, la plupart imitées de son frère : Laodice, Mort d’Annibal. Mais sa meilleure, Ariane, était dans le goût racinien. Il entra à l’Académie, succédant à son frère en 1685.  S’appliquer à bien comprendre les expressions de Racine : « Après avoir longtemps cherché le bon chemin » : allusion à la tragi-comédie et au Cid. La raison : 1. La peinture réfléchie et exacte des hommes. 2. La raison proprement dite appliquée à régler la vie. « Pompe », « ornements » : grandeur des situations, dignité des personnages, éclat du style. Ne pas omettre l’allusion aux Anciens.

- Racine écrit à Thomas Corneille, à l’occasion de la mort de son frère, le grand Corneille (1684).

Aide – En 1684, Racine est encore dans la période de retraite et de silence qui a suivi l’échec de Phèdre. Il s’agit de faire ici un éloge très général de Corneille, mais en prenant garde que c’est son successeur qui écrit (Corneille fondateur de la tragédie, Racine vante ce qui est opposé à son propre génie, c’est-à-dire le ressort de l’admiration mais ne pas oublier ce que Racine peut reconnaître de tendresse dans le théâtre de son prédécesseur).

- En 1685, Thomas Corneille, frère du grand Corneille, lui succéda à l’Académie française ; le jour de la réception, il fit un bel éloge de son frère défunt. Vous composerez ce discours.

Aide – Il s’agit d’un éloge très général. Ne pas oublier que la coutume voulait que l’Académicien fît l’éloge du roi ainsi que du cardinal de Richelieu, fondateur de l’Académie.

- Voltaire écrit au comte d’Argental pour lui annoncer qu’il entreprend d’annoter et de publier les œuvres de Corneille. Le bénéfice de la vente servira à doter une petite-nièce du grand dramaturge.

Aide – Mlle Corneille était la petite-fille d’un oncle du grand Corneille, magistrat ruiné pour s’être porté caution en faveur d’un ami et dont les descendants ne purent jamais sortir de l‘indigence. Voltaire l’adopta en 1760 ; elle avait dix-huit ans, il l’appelait « Mlle Rodogune ». Le comte d’Argental, conseiller au parlement de Paris, était un grand ami de Voltaire. Il avait été question, à plusieurs reprises, de publier une édition de nos classiques sous les auspices de l’Académie. Voltaire retint Corneille pour sa part, lança une vaste souscription en Europe et se mit au travail avec enthousiasme. Ses annotations comportent des remarques de grammairien, des remarques sur le style et sur la composition des scènes, un commentaire moral, historique et anecdotique. Il faut dater la lettre de Ferney, année 1761. Il s’agit de faire un éloge très général de Corneille : 1. Considéré comme le père de la tragédie française (ne pas oublier que Voltaire est un poète tragique avec sa Henriade). 2. Comme créateur d’un patrimoine moral (insister sur la vertu éducative de l’œuvre cornélienne), le ton de l’éloge devant rester en rapport avec la bonne action annoncée. 

   Après Corneille, l’auteur passe à Racine avec 66 sujets, puis à la comparaison entre les deux, soit 29 sujets.

   J’ai conscience que l’ensemble est étouffant aujourd’hui, mais c’est ainsi que l’on travaillait il y a un siècle...   

   


[1] N’oublions pas le contexte historique de la Grande Guerre.

A partir de 1930

  • Richelieu écrit à Corneille pour le remercier de lui avoir dédié la tragédie d'Horace.
  • Vous semble-t-il qu'il y ait eu progrès chez Corneille entre Le Cid et Horace, et en quel sens ? (Caen,1930)
  • Les tragédies Horace et Polyeucte, malgré leurs différences profondes, offrent-elles des points communs où se révèle le génie de Corneille ? (Paris, 1930)
  • Commentez au moyen des pièces de Corneille que vous connaissez ce mot de La Bruyère sur Corneille : "Il peint les Romains ; ils sont plus grands et plus Romains dans ses vers que dans leur histoire."
  • Que pensez-vous du type de Romain tel que l'a peint Corneille ?
  • Au moment où il tue sa soeur Camille, le jeune Horace s'écrie : "C'est trop, ma patience à la raison fait place ; / Va dedans les enfers plaindre ton Curiace." (IV, 5). Comment expliquez-vous ces mots "... à la raison" ? Il semble au premier abord que le jeune Horace obéisse à un mouvement de colère.
  • Vous définirez le "cornélianisme" et vous illustrerez la définition par quelques exemples : Rodrigue, Curiace et Horace, Auguste, Polyeucte, Nicomède. 
  • Les rôles des pères dans les tragédies de Corneille (Toulouse, 1931)
  • En 1640, François Ogier, adversaire de la tyrannie des règles d'Aristote, écrit à Corneille pour le féliciter du succès du Cid et d'Horace, et lui expose quels avantages la tragédie trouverait à être affranchie des unités de temps et de lieu. (Poitiers, 1931)
  • Commenter le jugement de La Bruyère (parallèle de Corneille et Racine ) : "Quelle plus grande tendresse que celle qui est répandue dans tout Le Cid, dans Polyeucte et dans les Horaces ?"
  • Distinguer dans le théâtre de Corneille l'intérêt historique et l'intérêt humain, d'après une ou plusieurs oeuvres de votre choix. (Toulouse, 1934)
  • Commentez ce jugement de Brunetière sur Corneille : "Nous n'avons point affaire de lui pour nous apprendre à vivre, mais pour nous habituer au contraire à placer bien des choses au-dessus de la vie, et pour nous mettre, en quelque manière, dans cet état d'exaltation morale qui devient, avec l'occasion, le principe des grandes actions." 
  • On a souvent opposé l'hellénisme de Racine à la prédilection de Corneille pour la grandeur romaine. Après avoir rappelé la conception  de l'histoire dont témoigne le théâtre tragique de chacun des deux poètes, vous essaierez de montrer dans quelle mesure cette opposition vous paraît justifiée, en vous appuyant sur des exemples précis, tirés des pièces que vous avez éudiées. (Dijon, 1931)
  • Examiner ce jugement de Sainte-Beuve : "Aimer et préférer ouvertement Corneille... n'est-ce pas risquer, avec la grandeur et le sublime, d'aimer un peu la fausse gloire ? Celui qui aime passionnément Corneille peut n'être pas ennemi d'un peu de jactance." (Martinique 1934)
  • D'après les tragédies que vous connaissez, instituez un parallèle entre une héroïne cornélienne et une héroïne de Racine. (Aix-Marseille, 1934)

 

Sources : Corneille, Horace, Classiques illustrés - Librairie Hachette, 1935.

Brevet supérieur

  • Apprécier ce jugement de Voltaire : "Corneille a établi en France une école de grandeur d'âme."
  • "Fais ce que tu dis, advienne que pourra." Montrez comment le théâtre de Corneille met cette maxime en action.
  • La Bruyère, après avoir dit que "ni le toucher, ni le pathétique n'ont manqué à Corneille", a ajouté : "Quelle plus grande tendresse que celle qui s'est répandue dans Le Cid, dans Polyeucte et dans les Horaces ?" Vous essaierez de dégager la tendresse dans une de ces tragédies et de la caractériser.
  • Des trois personnages qui dans la tragédie d'Horace incarnent le patriotisme, quel est celui que vous préférez et pourquoi le préférez-vous ?
  • Quelle tragédie ou comédie classique avez-vous vu représenter ou tout au moins avez-vous lue ? Racontez la représentation ou imaginez-vous les décors, personnages, scènes principales, impression produite sur le public.
  • D'après la ou les tragédies de Corneille que vous connaissez le mieux, essayez de montrer avec précision ce qu'il faut entende par situation cornélienne, par héros cornélien.

 

Sources : ibidem.

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Date de dernière mise à jour : 02/03/2020