« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Mlle Caumont de la Force

   Mlle Caumont de le Force est l’une des premières romancières, représentante du roman historique et galant : Histoire secrète de Marie de Bourgogne (1694), Histoire secrète de Henri IV roi de Castille (1695), Histoire de Marguerite de Valois, reine de Navarre (1696), Gustave Vasa, histoire de Suède (1697), Jeux d’esprit de la comtesse de Conti (1701), Anecdote galante ou Histoire secrète de Catherine de Bourbon (1703).

   Le roman en tant que tel n’est pas encore né. Il s’agit avant tout de « nouvelle » ou « histoire ». L’action est placée à une époque assez rapprochée, les rois et les reines n’ont plus rien d’héroïque, c’est le triomphe d’un décor galant qui assure au récit une portée générale se prêtant sans invraisemblance à une transposition dans l’actualité (cf. La Princesse de Clèves) sans anachronisme. Ainsi, la cour de Philippe II d’Espagne, de Charles le Téméraire, etc. deviennent des modèles de galanterie et de magnificence. Le roman corrige l’Histoire, taisant ses laideurs, ou bien la complète en révélant ses secrets. Les « histoires secrètes » ou « galantes » prétendent expliquer un événement public par une intrigue amoureuse, vengeance personnelle, rivalité ou incident d‘ordre privé dans lequel aurait été impliqué un personnage historique. Mais l’Histoire secrète de Marie de Bourgogne ajoute des inventions aux données historiques.

   Lourdeur de l’auteur qui expose par exemple dans toutes ses implications la politique matrimoniale de Charles le Téméraire. Conventions baroques (abondance) ou classiques (rigueurs), pauvretés et platitudes certes, mais qui témoignent du goût d’un nouveau public pour les beaux sentiments et les émotions, avec un recul certain du sentiment tragique de la passion.

   D‘une manière générale, ces « nouvelles » ou « histoires » s’enferment dans un monde étroit, respectant le goût mondain d’un public léger pour la brièveté, et il faudra attendre le siècle suivant (et celui d’après...) avant que le roman ne déploie ses splendeurs.

Sources : Coulet, op. cit.

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